Dans un article intitulé « Rétrospective de l’année : 2016 en 12 tableaux et une vidéo », publié sur le site du Groupe de la Banque mondiale, Tariq Khokar et Donna Barne ont affiché des statistiques qui ne prédisent pas un avenir meilleur pour la lutte antitabac en Afrique. Selon cette étude :
- Un tiers des personnes âgées de moins de 20 ans ainsi que les plus jeunes du monde sont en Afrique ;
- Un tiers des 1,8 milliard de jeunes dans le monde sont actuellement au chômage, sans instruction ni formation :
- La plupart des personnes en extrême pauvreté dans le monde vivent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. En Afrique subsaharienne cela représente 4 personnes sur 10, soit 389 millions de personnes ;
- Le tabagisme a augmenté dans plus de 20 pays dont 16 dans la région Afrique de l'OMS, les taux les plus élevés se trouvant au Lesotho, en Mauritanie, au Congo et au Cameroun.
Pourquoi ces données sont-elles importantes et alarmantes pour la lutte antitabac en Afrique ?
Les jeunes et les pauvres sont parmi les grands consommateurs des produits du tabac et l'industrie du tabac en est bien consciente. Elle organise un marketing agressif en Afrique afin d’attirer davantage de femmes et de jeunes. Selon un rapport de la Société américaine du cancer intitulé « La consommation du tabac en Afrique : lutte contre le tabagisme par la prévention », l’Afrique est sur le point de devenir le « futur épicentre de l'épidémie du tabagisme » en raison de sa forte croissance démographique et économique. Le rapport avertit que le nombre d'adultes qui fument en Afrique pourrait passer de 77 millions aujourd'hui à 572 millions d'ici 2100, à moins que les dirigeants ne prennent des mesures pour réduire les tendances actuelles.
Selon l'Initiative Pour un Monde Sans Tabac de l'OMS (OMS | Pauvreté), le tabagisme et la pauvreté sont liés dans un cercle vicieux, à travers lequel le tabac amplifie la pauvreté et la pauvreté est également liée à une plus grande prévalence du tabagisme. Plusieurs études menées dans différentes régions du monde ont démontré que le tabagisme et d'autres formes d'usage du tabac sont beaucoup plus élevés parmi les pauvres.
L'analphabétisme augmente la probabilité de chômage, ce qui entraîne une instabilité psycho-sociale et émotionnelle, augmentant ainsi les probabilités de devenir fumeur. Il a également été noté qu’en Afrique sub-saharienne, la plupart des jeunes qui sont au chômage et ne sont pas à l'école deviennent de petits détaillants de cigarettes.
2016 et mesures positives pour la lutte antitabac en Afrique
Cette revue de 2016 pourrait donner aux défenseurs de la lutte antitabac dans la région Afrique une image très sombre pour l'année à venir pourtant des avancées positives ont été enregistrées, telles que :
- Le décret 2016-1008 pour la mise en œuvre de la loi antitabac au Sénégal,
- La ratification de la CCLAT par le Mozambique,
- L’adoption de la loi antitabac en Gambie,
- La ratification du Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac par cinq pays (Sénégal, Gambie, Swaziland, Comores et Guinée),
- Des avertissements sanitaires en image au Kenya et bien d'autres raisons de se réjouir et d'être optimiste.
Et si nous travaillions pour faire de 2017 une meilleure année pour la lutte antitabac en Afrique ?
En 2017, nous devons lutter fermement pour faire reculer le tabagisme en Afrique. La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique est prête à jouer son rôle. La Fondation continuera à soutenir ses différents partenaires et collaborera avec les Think Tanks qu’elle appuie afin de générer plus de données et de preuves scientifiques sur les effets nocifs du tabagisme en Afrique, afin d’appuyer le plaidoyer des OSCs et les actions des gouvernements.
La Fondation continuera de collaborer avec d'autres partenaires à la mise en œuvre de la Convention-Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT-OMS), un outil complet pour faire face au problème du tabagisme en Afrique et dans le monde.
