Créer un avenir viable pour les think tanks africains en appui à l’Agenda 2063 et aux Objectifs de développement durable (ODD)
Préambule
1.Nous, les think tanks africains, nous sommes réunis à Victoria Falls, au Zimbabwe, les 8 et 9 avril 2016 dans le cadre du Troisième Sommet des Think Tanks africains. A la fin notre Sommet 2016 portant sur la Création d'un avenir viable pour les think tanks africains en appui à l'Agenda 2063 et aux ODD, nous tenons à exprimer notre plus profonde et sincère gratitude à la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) pour avoir organisé ce sommet en partenariat avec la Commission de l'Union africaine (CUA), le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA).
2. Nous notons la convergence de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030 l'importance du renforcement des capacités requises pour leur mise en œuvre efficace. En effet, malgré un contexte historique de plus d'une décennie de planification du développement, de nombreux pays africains continuent à éprouver des difficultés dans la conception, la mise en œuvre et le suivi de leurs cadres de planification du développement.
3. Nous notons également que les think tanks joueraient un rôle crucial dans l’appui aux programmes continentaux et mondiaux par le biais de leur appui à la conception des politiques fondées sur des preuves, la mise en œuvre et le suivi basés sur leurs travaux de recherche et d'analyse, leurs activités de renforcement des capacités des acteurs étatiques et non-étatiques et par le fait qu’ils fournissent des plates-formes pour aborder les intervenants, dialoguer avec eux et les promouvoir.
4. Nous réitérons donc la nécessité pour les institutions panafricaines entre autres la Fondation pour le renforcement des capacités (ACBF), la Commission de l'Union africaine, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), la Banque africaine de développement (BAD) de même que les pays africains de faire participer les think tanks à leur processus de décision en fournissant les données de développement/économiques sur la planification du développement et la domestication des Agendas. Ceci est essentiel pour une mise en œuvre réussie des Agendas et la réalisation de la transformation structurelle du continent.
5. Nous notons que le principal défi de nombreux think tanks dans le continent concerne leur viabilité et la diversité de leurs sources de financement. Par conséquent, les capacités de mobilisation des ressources des think tanks africains doivent être renforcées.
Les think tanks africains et la domestication de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030
6. Nous reconnaissons que les think tanks peuvent et doivent jouer un rôle important dans l’implication et le développement actifs des méthodes pour guider les Etats membres dans l'intégration de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030 dans leurs cadres nationaux de planification. La CUA doit fournir des directives et des outils susceptibles de promouvoir des méthodes normalisées d'intégration des programmes mondiaux et régionaux et d'améliorer les comparaisons de performance entre les pays.
7. Nous réaffirmons que les think tanks doivent contribuer aux travaux d'analyse des interconnexions entre les buts et objectifs des Agendas mondial et africain et identifier les domaines de convergence et de divergence qui nécessitent une attention.
8. Nous réaffirmons que la mise en œuvre réussie de l’Agenda 2063 et de l’Agenda 2030 doit être appuyée par les think tanks et soutenue par une prise de décisions fondée sur les faits, entre autres l'évaluation des interactions entre les politiques économiques, sociales et environnementales grâce à des simulations de politique, des études d'impact ex-ante et ex-poste et la compilation des ensembles de données nécessaires à la poursuite des travaux dans ce domaine.
9. Nous notons que les think tanks peuvent enrichir le suivi et l'évaluation des deux Agendas 2063 et 2030 en fonction de leurs domaines d'expertise respectifs. Le suivi et l’évaluation des progrès des deux Agendas seront essentielles pour veiller à ce que des mesures correctives soient prises pour maintenir la mise en œuvre sur la bonne voie.
Viabilité des think tanks: capacités, réseaux et partenariats
10. Nous reconnaissons que les think tanks ne peuvent exercer pleinement leur rôle dans l’appui à la mise en œuvre de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030 que s’ils ont les capacités et les ressources nécessaires, et sont capables de canaliser efficacement des résultats bien cadrés, pertinents, opportuns et de qualité vers les décideurs.
11. Nous réaffirmons notre conviction que la viabilité des think tanks africains commence par la qualité de leurs capacités non-matérielles, humaines, institutionnelles et de leadership. Par conséquent, nous nous engageons à œuvrer au renforcement de leurs capacités grâce à des programmes d'échange en réseau, au partenariat et à des formations. De plus, nous sommes d’avis que les think tanks doivent utiliser de façon innovante les technologies de la communication et de l'information(TIC) dans la diffusion de leurs travaux de recherche et leurs échanges avec les décideurs politiques.
12. Nous encourageons les think tanks africains à utiliser plus efficacement leurs interactions en utilisant des plateformes telles que le Réseau africain des think tanks (ATTN) et les Sommets des think tanks africains.
13. Nous réaffirmons également que le Sommet des think tanks africains devrait être institutionnalisé et organisé régulièrement, chaque année, pour fournir aux think tanks africains l'occasion de discuter de leurs problèmes communs ainsi que des solutions possibles, d'échanger les connaissances, les idées et es meilleures pratiques, de construire des réseaux et partenariats plus solides, d’apprendre auprès de leurs pairs, de faire le suivi et l’évaluation de leur impact sur la prestation des deux Agendas.
14. Nous nous engageons fermement à appuyer la mise en œuvre de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030, tout en créant un avenir viable pour nos think tanks respectifs. Nous sommes également engagés à partager collectivement les meilleures pratiques, renforcer les partenariats, les réseaux et les synergies dans l'esprit du panafricanisme.
15. Nous avons approuvé la création, le 12 novembre 2015, du Réseau africain des think tanks (ATTN) par l’ACBF. Nous reconnaissons que le lancement de l’ATTN est considéré comme une première étape importante vers la mise en œuvre effective des recommandations du Sommet des think tanks africains. En outre, la mise en place de l'ATTN est une étape critique pour éviter les tendances isolationnistes au sein de la communauté des think tanks.
16. Nous réaffirmons notre conviction que la viabilité des think tanks africains est en fin de compte la responsabilité des Africains eux-mêmes. Il est donc crucial que les think tanks servent non seulement le secteur public mais aussi le secteur privé sans pour autant négliger les autres contributeurs potentiels tels que les partenaires internationaux et la société civile.
Marche à suivre
17. Nous exprimons notre profonde inquiétude au vu de la baisse annuelle des ressources allouées par les donateurs aux think tanks africains. Nous insistons donc sur la nécessité de renforcer nos capacités individuelles et collectives en vue de notre existence durable et nous faisons appel à la CUA, au NEPAD, à l'ACBF, à la CEA et à d'autres adhérents des think tanks pour qu’ils facilitent la mobilisation des ressources pour le renforcement de ces capacités essentielles afin de contribuer de manière durable et efficace à la mise en œuvre réussie de l'Agenda 2063 et de l'Agenda 2030.
18. Nous demandons l’appui continu de l'ACBF et d'autres adhérents des think tanks afin de leur permettre de créer de nouveaux think tanks en cas de besoin, de renforcer les capacités de ceux qui existent déjà et de veiller à ce que les plates-formes telles que le Sommet des think africains soient organisées et les réseaux appuyés.
19. Nous sommes résolus à appuyer l’ACBF pour qu’elle continue à mener la coordination de nos efforts afin que nous demeurions engagés et que nous travaillions ensemble en vue de contribuer efficacement à la lutte contre les problèmes de développement de l'Afrique et d'assurer notre pérennité.
Présenté le 9 avril à Victoria Falls (Zimbabwe