« Les institutions sont importantes pour une variété d'activités humaines, parmi lesquelles la réduction des flux financiers illicites, car elles sont les règles ou normes formelles et informelles régissant les interactions ou les comportements humains », a déclaré le professeur Emmanuel Nnadozie, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), l'agence spécialisée de l'Union africaine pour le renforcement des capacités.
« En ce sens, le renforcement des capacités humaines et le renforcement des compétences requises du personnel ne suffisent pas à freiner les flux financiers illicites en Afrique tant qu'il n'y aura pas d'institutions solides pour créér un environnement propice afin de freiner ces flux illicites », a déclaré le Secrétaire exécutif.
Il s'exprimait lors de la réunion du Consortium pour endiguer les flux financiers illicites (FFI) en Afrique, qui s'est tenue à Pretoria, en Afrique du Sud, du 11 au 12 décembre 2019.
Le Consortium, qui est composé de membres du panel et de chefs d'institutions impliqués dans la lutte contre les FFI en Afrique, est présidé par SE Thabo Mbeki, l'ancien président de la République d'Afrique du Sud, en sa qualité de chef du Panel de l’Union africaine de 10 membres de haut niveau sur les FFI.
Le Consortium a noté que, bien que des progrès soient accomplis dans divers aspects du développement, la réponse de l’Afrique aux défis mondiaux liés en particulier aux FFI n’était pas adéquate pour faire face de manière significative aux niveaux élevés de vulnérabilité des populations en Afrique. Des gains seront probablement réalisés, à condition que les ressources soient acheminées vers les zones de développement essentiel qui nécessitent un financement.
Il existe un consensus général sur l'importance du renforcement des capacités pour relever le défi des FFI en privilégiant la formation et le renforcement des compétences. Bien que cela soit tout aussi important et reconnaissant les efforts déployés pour former du personnel de haut niveau capable de détecter les activités de corruption, de reconnaître les flux financiers illicites et de mettre en place de meilleurs mécanismes pour limiter ces fuites.
L'ACBF a insisté sur la nécessité d'investir davantage dans l’établissement d'institutions solides qui complètent adéquatement le calibre du personnel qualifié que l'Afrique est en train de constituer afin que cette dernière réussisse efficacement dans sa lutte contre les FFI. Ces institutions comprennent, entre autres, les unités de renseignement financier, les agences anti-fraude, les douanes et les agences frontalières, les agences fiscales, les agences anti-corruption et les agences de criminalité financière. Le professeur Nnadozie a souligné la nécessité impérieuse de renforcer les capacités de mise en œuvre de ces institutions.
Il convient de mettre en place des systèmes pour garantir que ces institutions sont correctement gouvernées et ont la capacité d'appliquer la législation et la réglementation ainsi que de moderniser leurs bureaux et leur équipement et d'assurer la fourniture adéquate des outils du commerce.
L'ACBF peut fournir un appui technique pour aider les gouvernements à mettre en place de telles institutions qui seront effectivement à la hauteur de leur mandat en mettant l'accent sur la coopération, la cohérence et la coordination interinstitutionnelles. Des mécanismes solides de contrôle des banques et des institutions financières devraient également être mis en place et garantir qu'il n'y ait pas de failles qui facilitent la corruption et les FFI.
L'ACBF continue de travailler en collaboration avec d'autres partenaires dans la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique.