« L'Afrique n'a pas d'autre choix que d'embrasser les connaissances et créer un environnement propice à l'innovation qui contribuera à la croissance économique », a déclaré le Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique, le professeur Emmanuel Nnadozie, au cours d'une table ronde organisée mardi lors du Forum d’affaires pour les investissements Japon-Afrique tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, du 31 août au 2 septembre.
« Dans les années 1960, les produits intérieurs bruts (PIB) de la Corée du Sud et du Ghana étaient au même niveau. Mais dans les années 1990, l’on constate que le PIB du pays asiatique était 8 fois supérieur à celui de son homologue ouest-africain », a ajouté le professeur. Nnadozie. « Les économistes conviennent que 50% de la croissance enregistrée par la Corée du Sud est attribuable aux connaissances. Cela montre clairement que si l'Afrique veut se développer, les connaissances doivent faire partie intégrante de ce développement. »
Malgré l'importance des connaissances pour la croissance économique, le leadership africain tarde encore à les reconnaître et à y investir des ressources pour combler le déficit de connaissances et construire une économie des connaissances. « Pour que les choses changent pour le mieux, les dirigeants africains doivent reconnaître l'importance des connaissances», a déclaré le professeur Nnadozie. « Ils ont également besoin d'exploiter le potentiel de la jeunesse africaine en transformant le système d'éducation actuel, inadéquat, en un qui réponde aux besoins du continent. Et un accent particulier doit être placé sur les études professionnelles en vue de favoriser l'industrialisation de l'Afrique. »
L’ACBF a contribué aux efforts d’établissement d’une économie des connaissances en Afrique au cours des 24 dernières années en participant à la création de 35 groupes d’experts qui produisent des connaissances, lesquelles influencent l'élaboration des politiques. « Au-delà de la mise en place de groupes d’experts, l'ACBF a parrainé des programmes d'éducation, telle qu’une maîtrise en administration, sciences bancaires ou finances destinée aux décideurs politiques africains. Les diplômés de ces programmes ont continué à travailler pour les banques centrales et les ministères des finances africains, jouant un rôle clé dans la transformation des fortunes du continent », a ajouté le professeur Nnadozie.
Il a également appelé les pays africains à prendre exemple sur le Japon, un pays qui a réussi à exploiter son capital humain en ayant et en mettant en œuvre une stratégie globale des connaissances. «Le leadership africain doit jouer un grand rôle en intensifiant les investissements dans l'innovation, la recherche, le développement et la création de liens avec l'économie réelle. »
Cependant, il a exhorté le Japon, la troisième plus grande économie du monde, à accroître et diversifier ses investissements et son commerce avec l’Afrique, lesquels sont toujours à la traîne par rapport à ceux des autres pays développés. «L'Afrique est un marché croissant pour les produits japonais, notamment automobiles, en particulier grâce à une classe moyenne en pleine expansion. Mais la plupart des véhicules sont fabriqués au Japon et seulement livrés en Afrique. Avoir plus de véhicules fabriqués en Afrique ne serait pas seulement une source d’emplois, mais aussi de transfert de la technologie bien nécessaire, ce qui est essentiel pour créer de fructueuses économies des connaissances. Il est à noter que de tels efforts ont commencé à se produire. »